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Le droit à la richesse

Le long et pénible feuilleton d’El-Kamour a enfin connu un dénouement et la production pétrolière a repris après un arrêt forcé. Globalement, l’Etat a perdu beaucoup de sa crédibilité et de son autorité face à une protestation sociale qui a utilisé, entre autres, une arme efficace : le pétrole et les engagements envers les sociétés implantées. Bref, l’accord a été conclu et la région de Tataouine, victime il faut le rappeler d’une indiscutable injustice socioéconomique depuis des décennies, a pu gagner en termes de postes d’emploi et d’avantages en investissements publics. Cet exemple, ce modèle, si le terme convient — semble plaire à tout le monde : les protestataires, c’est-à-dire les autres régions défavorisées et qui clament déjà leurs droits envers le gouvernement, et aussi le gouvernement via les propos du Chef du gouvernement lui-même, qui a promis de généraliser l’approche d’El-Kamour à d’autres régions. Entre les droits sociaux et économiques justifiés et bien sûr l’équilibre entre les régions, d’une part, et les moyens précaires de l’Etat et ses contraintes si lourdes, d’autre part, la marge de manœuvre sera réduite. Comment réussir, avec un budget déficitaire et un endettement excessif, conjugués à un contexte économique de récession et un effondrement monétaire ?   

En analysant de près le contexte politico-économique tunisien, on finit par comprendre que des promesses si larges risquent de tourner en illusions si elles ne sont pas gérées avec tact. Le gouvernement doit comprendre que certaines  régions en Tunisie vivent, depuis des décennies, dans la précarité et l’exclusion économique. Alors que d’autres régions vivent mieux et bénéficient plus en termes d’allocations publiques. Et c’est aux décideurs politiques d’aller creuser dans une approche et un discours rationnels qui mettent fin, petit à petit, mais avec de premiers résultats à court terme, à l’injustice régionale. Les détails (contenu des actions en faveur des autres régions, échéancier, coût et mode d’application) vont différer selon les régions. L’essentiel, c’est de se comprendre et que le gouvernement, à travers son appareil considérable doté de moyens humains pour cela, puisse gérer avec intelligence les doléances légitimes de Tunisiens qui aspirent à vivre dans la dignité.

La répartition des ressources et la recherche de sources de financement seront le défi majeur dans la période à venir. Le développement régional, un casse-tête qui a déboussolé plus d’un politique et plus d’un gouvernement, est un domaine où le bon sens et la lucidité dans l’élaboration des plans importent beaucoup plus que les chiffres et les modèles préétablis.

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